Lettre à l'éléphant - Romain Gary

romain gary

Lettre à l’éléphant

La lettre à l'éléphant de Romain Gary, parue sous forme de tribune dans Le Figaro en 1968 est un appel humaniste au respect de la vie sauvage. L'urgence écologique, dont Gary était un porte-parole visionnaire dès Les racines du ciel, donne à ce texte une dimension prophétique autant que poétique.

Avec ce texte étonnant de modernité et d’humanisme, Romain Gary célèbre à nouveau la « liberté infinie » de l’éléphant qu’il avait si bien décrite dans les Racines du ciel (Prix Goncourt 1956). Dans une lettre magistrale à son « cher éléphant », dont les congénères, mal-aimés, inutiles, sont alors massacrés par milliers au nom du progrès, Gary met en garde contre une civilisation qui se passerait de tout ce qui ne sert pas ses intérêts immédiats : après tout, ce qui commence avec la chasse à l’éléphant pourrait bien s’achever par la fin pure et simple du droit à résister au pouvoir, voire à penser librement. Car derrière la frénésie meurtrière des chasseurs ne se cache-t-il pas une haine de cette liberté « vivante et irrésistible » que l’éléphant partage avec l’homme ? Lorsque Gary nous invite à sauver les éléphants et leur « ardente aspiration à une existence sans entrave », ne s’agit-il pas, au fond, de nous sauver nous-mêmes ?

Avec une clairvoyance extraordinaire, l’écrivain-diplomate livre ici un manifeste écologique d’une grâce folle, dans lequel il lie le destin de l’humanité à la défense des animaux et met en garde contre la destruction du vivant, conséquence de notre matérialisme. À l’ère de l’anthropocène, son avertissement, vieux de soixante ans, est d’une actualité glaçante : « dans un monde entièrement fait pour l’homme, il se pourrait bien qu’il n’y eût pas non plus place pour l’homme. »

Publié pour la première fois en 1968 dans le Figaro Littéraire, la Lettre à l’éléphant est suivie ici d’une préface de l’essayiste et romancier Frédéric Potier.

Combattant de la France libre pendant la guerre, Romain Gary (né Romain Kacew) entre en 1945 dans la carrière diplomatique et publie son premier roman, L'Éducation européenne. Après les Racines du ciel (prix Goncourt 1956), il campe, dans la Promesse de l'aube (1960), un inoubliable portrait de femme inspiré par sa mère. Obsédé par le sentiment du temps qui passe et la désagrégation de l'homme rongé par l'âge (Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable, 1975 ; Clair de femme, 1977 ; Les Cerfs-volants, 1980), il se suicide un an après son ex-femme, l'actrice américaine Jean Seberg. Il a écrit, sous le nom d'Émile Ajar, trois ouvrages, dont La Vie devant soi (1975), qui obtint le prix Goncourt.

Frédéric Potier, 44 ans, est préfet, essayiste et romancier. Ancien conseiller à Matignon, il a notamment occupé les fonctions de délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (DILCRAH) de 2017 à 2021. Son roman, La menace 732, a reçu en 2022 le grand prix Edgar-Faure du livre.

ISBN :
Collection : Messager(s)
Pagination : pages
Prix : 9,90 €
Date de parution : 15 mars 2024